Extrait du journal l'Equipe - Nicolas Schmitt (au centre) arbitre depuis une quinzaine de saisons. (D.R)
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Le 24/10/2013 à 09:00:00 | Mis à jour le 24/10/2013 11:33:07 L’Equipe
Les Journées de l'arbitrage (jusqu'au 3 novembre) suscitent chaque année des vocations. Petite plongée dans la réalité économique d'une passion avec Nicolas Schmitt, 32 ans, sifflet en DH Aquitaine.
«Il existe dans la corporation des arbitres qui sont à la pêche aux matches pour des raisons financières» «J'arbitre une bonne vingtaine de rencontres par an, au niveau Ligue, en Aquitaine, souvent comme arbitre central. Par plaisir, pas pour l'argent. Je gère dix personnes dans une entreprise informatique à Bordeaux et si je voulais vraiment arrondir mes fins de mois, je dépannerais des PC ou je ferais des sites Internet. Mais il ne faut pas se le cacher, l’arbitrage peut être une passion lucrative ! Il existe dans la corporation des arbitres qui sont à la pêche aux matches pour des raisons financières. Ils enchaînent chaque week-end jusqu’à trois rencontres : vétérans le vendredi soir, jeunes le samedi après-midi et seniors le dimanche. Les indemnités varient selon la fonction (central ou assistant), la compétition (fédérale, ligue ou district), et aussi d'une Ligue à l'autre. Par exemple, pour un match de DH à 100 kms, de 99,20€ à 179,20€.»
«Pour trente matches en 2011-12, j'ai gagné 4400€, non imposables, soit 146€ par match pour une trajet moyen simple de 115 km. Les sommes peuvent paraître importantes mais il y a des frais et le temps passé. Il faut être présent au stade une heure et demie avant le coup d'envoi. Quand je vais à Pau, c'est 400 km aller-retour, je rentre à Bordeaux à 2 heures du matin et je paie les péages, l'amortissement de ma voiture. Il faut compter encore l'équipement, le temps de formation, les tests physiques et théoriques, l'entraînement. Je cours au moins une fois par semaine. Je travaille la résistance, l'explosivité, la course à reculons. La DNA, et par conséquent les CRA*, veulent des arbitres athlètes. Tu as intérêt à être au top physiquement...»
«J'ai vu pas mal de gens tout sacrifier à l'arbitrage et se planter le bec» «Au plus haut, j'ai été pendant un an "Fédéral 5", le premier échelon fédéral, qui permet d'arbitrer en CFA2. Tout au long de ma "carrière", j'ai privilégié ma vie privée et professionnelle. Sans regret. J'ai vu pas mal de gens tout sacrifier à l'arbitrage et se planter le bec. En DH Aquitaine, nous sommes évalués cinq fois par an et c'est tellement subjectif ! Plus tu montes dans la hiérarchie, plus l'entonnoir se resserre. Les places sont très chères au sommet, comme pour les joueurs. La pénurie d'arbitres, c'est à la base, dans les districts. A ce niveau-là, c'est forcément une passion. Moi, j'ai attrapé la fibre par mon père qui a été arbitre pendant 41 ans. Les sous, c'est pour des plaisirs à ma petite famille. C'est elle qui trinque parce que je suis souvent absent.» - Recueilli par Jean LE BAIL
* DNA : Direction nationale de l'arbitrage ; CRA : Commission régionale de l'arbitrage