Envie de participer ?

Allez Ymonville et... le CMHB

Article de l'Echo Républicain

 

Club pro ou amateur : deux présidents d'Eure-et-Loir comparent leur quotidien

Publié le 16/11/2017

Club pro ou amateur : deux présidents d'Eure-et-Loir comparent leur quotidien

Philippe Besson (à gauche), président du Chartres Métropole Handball 28 (Proligue) et Claude Foiret, président de l’Avenir Ymonville Football (Régional 3). © Photo : Quentin Reix

 

Le choc des extrêmes ! Lorsque deux présidents, celui du plus gros club professionnel du département, le Chartres Métropole HB28, et le petit club de football d’Ymonville, évoquent, ensemble, les difficultés de présider.

« La passion du sport dans le sang »

D'un côté, vous avez Philippe Besson, le président du Chartres Métropole Handball 28 (Proligue) qui gère au quotidien une association sportive disposant d'un budget conséquent de 3,2 millions d'euros, avec 35 employés dont 17 joueurs professionnels. De l'autre, on retrouve Claude Foiret, président de l'Avenir Ymonville, le petit club de football évoluant au plus bas niveau régional (R3), qui perçoit seulement 2.000 euros de subventions municipales et se bat pour boucler son budget annuel de… 33.000 euros. Alors que tout les différencie, ils ont en commun cette fibre présidentielle chevillée au corps et pour longtemps dans le cœur.

 

Messieurs les présidents, au quotidien, quelles difficultés rencontrez-vous ?
Claude Foiret : C'est le problème financier pour boucler notre budget. Cette année, nous avons plus de 3.000 kilomètres de déplacement, j'ai 12 équipes à gérer.
Philippe Besson : Je pars du principe qu'il n'y a pas de contrainte, pas de difficulté sinon je ne le ferai pas. J'ai vécu la transition d'un club où on avait trois francs six sous à un club pro avec 3 millions de budget.

 

Claude Foiret, vous êtes président depuis 40 ans…
(Il coupe). Non, secrétaire depuis 1967 et président depuis 30 ans. J'en suis à ma 61 e licence au club, j'ai commencé en minimes à 11 ans…

 

… Au fil de vos années de présidence, votre club a évolué ?
Claude Foiret : Nous, à Ymonville, on avait 47 licenciés en 1967 et 210 aujourd'hui, ça fait 48 ans que l'on joue en régional.

Philippe Besson : Nous sommes passés d'un club amateur, où personne n'était payé, à 35 fiches de paye, en l'espace de six-sept ans. La difficulté a été de faire cohabiter les salariés, hors joueurs, avec les bénévoles.

C'est le système D, on fait des soirées dansantes, des lotos, des calendriers, on ramasse la ferraille

 

Quelles solutions trouvez-vous pour boucler votre budget ?
Claude Foiret : C'est le système D, on fait des soirées dansantes, des lotos, des calendriers, on ramasse la ferraille… On aimerait bien avoir plus de subventions, on touche 350 € de la communauté de communes. Les élus n'ont peut-être plus le droit de donner de l'argent !
Philippe Besson : Croyez-en mon expérience, les élus, quand ils veulent, ils y arrivent toujours.

 

Quelles joies ou déceptions personnelles, cette charge de président vous apporte-t-elle ?
Philippe Besson : On est dans un contexte de projet et de construction. C'est ça qui me motive. Si on arrive au bout, j'en serai content. Le bout étant de pérenniser le club au plus haut niveau dans une belle et nouvelle salle. La satisfaction c'est de voir que nous avons réussi à convaincre les gens de nous suivre, de nous donner les moyens.

plus on monte, plus c'est compliqué même quand on allonge les euros

 

C'est supérieur à une joie venant du terrain, lors d'une accession par exemple ?
Ce n'est pas pareil. Une accession, c'est fort sur le moment. Le projet est plus global, sur du long terme.

 

Et à Ymonville, on ressent bien des satisfactions de temps en temps ?
Claude Foiret : Je ne suis pas trop expansif. Ni dans la victoire, ni dans la défaite.

 

En tant que président, quelles sont vos plus grandes peurs ?
Philippe Besson : Je ne pense pas au risque accident. Administrativement, on fait ce qu'il faut, on prend toutes les assurances pour nos 23 équipes.

Claude Foiret : les dirigeants sont briefés, ils reçoivent des consignes.

Philippe Besson : Moi, ma hantise, est plutôt sportive, plus on monte, plus c'est compliqué même quand on allonge les euros. Je me dis : « Et m…, et si on n'y arrivait pas ! »

Claude Foiret : On vous le reproche ?

Philippe Besson : Je l'entends tous les jours. On est dans un contexte particulier, on s'inscrit dans un grand projet qui a une certaine orientation politique. On en prend plein la tête…

Claude Foiret : Moi, là-dessus, je suis tranquille.

La passion de notre sport. Faut avoir ça dans le sang.

 

Vous avez choisi d'être président ?
Philippe Besson : En 1992, j'étais encore joueur au CS Mainvilliers en N2. Si je n'avais pas repris le club, avec d'autres, le CSM n'aurait pas survécu.

Claude Foiret : C'est pareil à Ymonville, c'était un cousin qui était à la présidence. Je ne fais pas ça pour l'honneur, on m'a mis président. On ne peut pas se comparer, mais on a des similitudes : la passion de notre sport. Faut avoir ça dans le sang.

 

Que représente pour vous votre club ?
Claude Foiret : Tout ! C'est ma famille, une partie de ma vie.

Philippe Besson : Pour moi, c'est une satisfaction, et une fierté, de voir d'où on est parti et où on arrive. Même si on n'est pas encore arrivé au bout du chemin, la voie est tracée.

Ymonville n'a jamais pris l'avion ! On n'est pas dans le même monde.

 

Et si c'était à refaire !
Philippe Besson : Je pense que je gagnerais beaucoup de temps ... sur le chemin, surtout les premières années de notre évolution liée au projet avec Chartres.

Claude Foiret : Je ne regrette rien, je referais la même chose, j'ai la chance d'avoir une équipe de bénévoles soudée, des gars sympas.

 

Vous suivez votre équipe tous les week-ends ?
Claude Foiret : Depuis toujours. Ma femme m'accompagne maintenant, elle qui n'a jamais aimé le football, elle sent bien que je vais bientôt arrêter ! Et vous M. Besson, vous suivez votre équipe à l'extérieur ?

Philippe Besson : je ne suis pas encore à la retraite ! Je travaille le samedi, les joueurs partent le jeudi.

Claude Foiret : en minibus ?

Philippe Besson : en minibus, en train ou en avion.

Claude Foiret : Ymonville n'a jamais pris l'avion ! On n'est pas dans le même monde.

 

Hervé Paraut


Commentaires

Connectez-vous pour pouvoir participer aux commentaires.